vendredi 31 juillet 2015

De l'expertise internationale à la facilitation internationale

En faveur d'un rôle de facilitateur...  en mission au sein d'un projet de développement et/ou coopération internationale
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Je travaille dans un environnement multiculturel depuis plusieurs années (3ème cycle à Budapest, stage de fin d'études aux Nations-Unies, première expérience professionnelle au sein d'une mission économique à Budapest, première mission d'expertise économique sur un théâtre d'opération en Afghanistan). Chaque expérience a été vécue comme si je faisais un tour du monde.

Quand vous travaillez dans un environnement international, vous évoluez dans des univers professionnels uniques, animés par des communautés d'individus issues de cultures différentes, disposant de compétences multiples et de méthodes de travail propres à leurs histoires. Ce qui est le plus étonnant dans un univers professionnel international, c'est la notion de compétence... Vous ne parlez peut-être pas le même langage (maternel) et pourtant vous détenez les mêmes compétences (= vous savez faire)...

Mon métier consiste à faciliter la création et le développement de projets portant sur la gestion de la connaissance dans les entreprises et à apporter un appui en formation professionnelle auprès d'institutions publiques ou privées.

Selon mon expérience dans la gestion de projets, les changements et les résultats ne sont pas le fait d'un seul expert ou d'un seul programme. Le travail mené dans le cadre d'un projet de coopération ou de développement consiste à réaliser des actions à petite ou moyenne échelle en partenariat avec les principaux bénéficiaires, qui eux travaillent en continu et depuis plusieurs années dans ces structures.. On oublie parfois que des hommes et des femmes avancent au quotidien, à leur rythme, dans leur métier et dans leurs structures...  On oublie aussi que les actions réalisées interviennent dans un environnement évoluant tous les jours et après des actions menées précédemment (locales ou internationales)...

J'utilise très régulièrement le verbe "faciliter" pour expliquer mes méthodes d'intervention sur ce que je réalise quotidiennement.  Quand j'emploie le terme "faciliter" cela signifie que dans tous mes projets (ou actions), mes interventions sont organisées pour participer à la réussite de ce qui est mené, de favoriser la collaboration entre les parties prenantes, de mettre en oeuvre des actions pour que celles-ci répondent à un besoin identifié par les parties prenantes, de favoriser des méthodologies de travail basées sur le participatif et de créer un système pérenne autour des actions mises en oeuvre, pour que celles-ci se renouvellent sans une intervention externe, et ceci pour assurer la pérennité des actions mises en oeuvre dans le cadre du projet. 

Wikipédia définit la Facilitation comme un ensemble de fonctions dynamiques qui sont exécutées avant, pendant et après une rencontre pour aider un groupe à atteindre ses objectifs. 

En français, "faciliter" signifie "faire quelque chose facile ou plus facile à quelqu'un". En anglais, faciliter signifie  : simplifier, rendre possible, soulager, ouvrir la voie. Les anglais emploient plus facilement ce verbe, notamment en pédagogie.  L'idée est d'apprendre par soi-même dans tout ce qui mené.

Plusieurs synonymes existent pour définir le terme de faciliter et j'aimerais illustrer ma propre conception de ce que peut être le rôle d'un facilitateur / expert en mission sur un projet de développement /coopération internationale en m'appuyant sur ses synonymes.

Selon ma propre expérience, faciliter au sein d'un projet de coopération internationale est :

Éclairer : Un projet répond normalement à une problématique identifiée. Le rôle d'un facilitateur permet d'analyser les problèmes sous un autre angle et une autre grille de lecture, et de proposer des solutions alternatives qui seront sélectionnées et choisies par les parties prenantes pour permettre de répondre aux problématiques.


Aider: Un facilitateur en mission d'expertise est à mon sens en charge de collaborer avec les acteurs du projet pour accompagner les structures à résoudre des problématiques. Aider renvoie à la notion de participer aux "efforts" des parties prenantes dans ce qu'elles font et de faciliter leur action, en leur apportant des éléments pour résoudre la problématique.

Apporter: Le facilitateur est celui qui apporte son concours, son savoir- faire, son expérience, son réseau, pour permettre aux parties prenantes des programmes de réaliser les actions à conduire. L'équilibre consiste à ne pas "produire" à la place de...

Ouvrir:  Le dialogue avec les parties prenantes pour favoriser les échanges entre eux et avec de nouveaux partenaires. Le facilitateur recherche à identifier les expertises des uns et des autres et cherche à travers son action à dresser des liens pour développer la collaboration entre les tiers où chaque partenaire ou bénéficiaire participe par son savoir faire, au développement des actions visées par le projet.

Préparer: L'avenir dans les actions qui sont mises en oeuvre. Posons-nous la question "comment favoriser l'appropriation de telle ou telle action" pour permettre aux parties prenantes de poursuivre sans l'intervention d'un tiers. Le facilitateur organise ses activités en intégrant l'apprentissage par soi-même. L'objectif est d'expliquer ce qui est mené et de partir de l'existant pour progresser ensemble.

Seconder : Le facilitateur ne recherche pas à "faire-valoir" son expertise au sein du projet et vis-à-vis des parties prenantes. Son positionnement consiste à valoriser ce qui est mené par les parties prenantes. Une action menée est très souvent le résultat d'une collaboration d'acteurs disposant de compétences diverses. Selon vous, comment avez-vous réalisé telle action et à quel niveau se situe votre intervention dans telle action ?

Servir : Les objectifs de l'action ou du projet... Le facilitateur est au service d'une mission, laquelle est guidée par un intérêt général et par un cadre de mission.

Simplifier : Le facilitateur est en charge d'expliquer ce qui peut être complexe ou ce qui est inconnu. Son rôle est de permettre un apprentissage par les acteurs du projet.


Le facilitateur est en mesure de "réguler" sa propre action et d'analyser son intervention au sein du projet. 


Exemple d'une mission de facilitation : 

Une de mes dernières missions s'est déroulée en 2007 -2008 en Afghanistan. L'objectif de ma mission était d'identifier des opportunités de développement économique dans plusieurs secteurs (semences agricoles, micro-centrales électriques, production de fruits secs, etc) en travaillant en étroite collaborations avec les autorités afghanes. Une seconde mission a été menée sur l'identification, la valorisation de TPE françaises et la création d'un réseau en Afghanistan.  Après quatre mois d'investigations et de rencontres, mon rôle a consisté à créer des liens au sein du réseau de TPE et PME et de favoriser des rencontres entre acteurs n'ayant pas naturellement  l'habitude de se "côtoyer", ni de travailler. 

Un travail important a été mené par la suite pour animer dans un temps imparti, ce réseau,  et favoriser les contacts entre les acteurs économiques privés, les autorités afghanes et les bailleurs de fond. Cette mission aura servi à identifier de nouveaux projets économiques répondant aux besoins de la population et mettre en relation des acteurs locaux désireux de trouver de nouveaux financements internationaux, et de créer des opportunités entre certains acteurs.

Aujourd'hui, j'entretiens les contacts rencontrés en Afghanistan et plusieurs années après, des mises en relation sont encore organisées ...

Ce que je retiendrais de cette mission... Même quand un pays est en guerre, la vie continue malgré tout ... Les marchés s'organisent tous les jours, les restaurants continuent de servir leurs clients, les récoltes sont produites, les artisans continuent de travailler.. En qualité de facilitateur international, observer la vie quotidienne... permet de faire fuir les "A priori" et de pouvoir travailler en comprenant le contexte et l'environnement. Les "A priori" fixent des limites et ces limites ne sont peut-être pas forcément  celles de vos interlocuteurs...  








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